L'Automne est né dans le château de ma grand-mère. Pas la saison, non, mais le cycle d'exposition. Cycle, parce qu'immédiatement, à l'image des saisons qui d'une année sur l'autre, sont à la fois semblables et différentes, nous avons su, Pauline Sauveur et moi que nous ne nous en tiendrions pas à une édition unique.
Non.
Il y a eu deux Automnes, du temps de ma grand-mère.
Puis un Hiver lorsqu'elle est morte.
Et cet Automne Trois qui, comme les précédents, ne leur ressemble pas.
Le château de Villequiers n'accueillera plus les artistes de *public averti. Il est pourtant le lien, parfois évident, parfois subtil, entre les œuvres que nous présentons cette année. Vous le reconnaîtrez, vous le devinerez, vous en entendrez les notes aussi, vous en imaginerez les rêves, les enjeux, et la tristesse aussi, depuis que le deuil y a élu domicile.
Le deuil — comment le dépasser pour rendre hommage, comment le vivre pour être à la fois dans le passé et dans le présent, humainement et artistiquement — est le thème qui logiquement, s'est imposé à *public averti pour la troisième édition de l'Automne. A cette occasion, comme ce fut déjà le cas l'hiver dernier avec la mise en ligne d'une vidéo intitulée Ma grand-mère est morte, nous nous sommes associés à la structure de production pluridisciplinaire Conspiration pour que l'exposition existe une fois encore sur internet via son site et, au fil des mois, ici et là, dans les galeries pour qui le travail des artistes et notre rassemblement ont un sens.
L'Automne Trois se promènera de la Nièvre au Sud de la France, et de Paris à Bruxelles. Il dépassera les limites que lui impose le calendrier pour mordre à pleines dents, vivant, fougueux, l'année suivante.
Parce que le deuil est comme un vêtement que l'on porte, pour témoigner d'un passage, d'une disparition, l'Automne Trois se fera hiver, puis printemps à nouveau, et nous abandonnerons son habit.
Mais l'art restera.
Comme les pierres.